Le syndrome de la tour d'ivoire est typique des organisations d'un âge certain qui ont construit leur DSI sur les principes du modèle économique standard. Le problème de fond est la volonté de ces groupes d'industrialiser le domaine du génie logiciel en se calquant sur les principes des Industries classiques.

Malheureusement on ne crée pas un logiciel comme on crée une voiture. Dans les années 80 / 90, la gestion des projets informatique s'est construite sur les principes du cycle en V. Chaque élément de la construction d'un logiciel était bien identifié, on les a donc séparé, on a créé des équipes spécifiques pour chacun de ces éléments. Comme ces organisations sont internationales, on a dispatché les équipes un peu partout à travers le monde. Au final on se retrouve avec une usine à gaz qui consomme plus qu'il ne produit.

J'ai changé de client la semaine dernière et je me suis pris tout ça de plein fouet. En début de semaine, chez mon ancien client grand compte dans le domaine du transport, on travaillait sur un socle 100% libre. Les postes de développement étaient des Linux / Ubuntu, avec PostgreSql, Jetty, Eclipse, Maven, Hibernate, Spring, GWT grosso modo et les plateformes d'intégration et de prod étaient sur du Linux / Redhat avec Tomcat et Postgresql. Que du bonheur!! Du point de vue organisationnel, tout les ingrédients de la réussite d'un projet informatique étaient là aussi. Mode de développement agile avec un MOA très présent et des cycles de livraison récurrents. Le projet a été un succès.

En fin de semaine, j'arrive donc chez mon nouveau client grand compte dans le domaine bancaire et là, c'est le drame. Organisation des équipes en mode déconnecté, outils privateurs jusqu'au cou, poste de travail archi vérouillé et accès à internet vérouillé aussi. En clair, tout est fait pour que les collaborateurs ne puissent pas innover. Le bon côté de la chose c'est que les opérationnels sont demandeurs d'innovation. Ils ne peuvent pas innover en interne mais ils recrutent des prestataires externes pour tirer partie de leurs expériences afin de profiter un peu des innovations existantes. On voit bien ici que les choix stratégiques ont une incidence forte sur la productivité, la motivation des opérationnels et les coûts.

Je me suis donné comme challenge de tenter de faire comprendre aux chefs qui me seront accessibles les problèmes liés à leur mode de fonctionnement. J'aimerais aussi qu'ils se rendent compte que l'indépendance technologique est la voix de la diminution des coûts de leur DSI.